Long post certes mais ça faisait longtemps non? (et puis je reposte pas avant quelques temps) Et si la vie vous laissait une chance de tout recommencer?
Et même si nos raisons nous séparent
Même si l'on vit cet amour comme un art
Même si parfois on fait semblant d'y croire
Autant le vivre même un peu
Ces deux semaines ont paru longues, la première parce que j'ai fait tellement de choses à gauche qu'elle a semblé durer plus d'une semaine, la deuxième parce que j'ai gardé tellement de souvenirs d'à gauche que je me suis fait chier ici. En bonne infatigable nostalgique qui se respecte, j'ai mis du temps à émerger, si bien que les deux jours qui ont suivi mon retour, j'ai commencé et terminé la prochaine fois de Levy (à Primate: mieux que sept jours pour une éternité mais n'atteint toujours pas le niveau des deux premiers) et je l'aimais de Gavalda (à Cora: je l'ai trouvé bien), c'est pour dire comme je n'ai rien fait. Après j'ai passé mes journées à me faire du mal en triant les photos et je n'ai repris mon projet qu'hier soir.
Si on m'avait dit, il y a deux semaines que je reviendrais en autant de morceaux...
Le titre de ce post est le titre que j'aurais donné à un post si je l'avais écrit il y a mois. Aujourd'hui le titre est le même, mais la perception a changé. J'en reviens toujours à ce dilemme d'à droite à gauche auquel les évènements se sont si bien prêté ces dernières semaines en me confortant dans l'idée que j'ai fait le bon choix.
Elle, ça faisait plus de quatre ans qu'elle était avec lui. Je les ai presque connus en même temps et autant je la jalousais presque de vivre avec quelqu'un qui frolait à ce point la perfection, autant je trouvais qu'ils allaient si bien ensemble que c'était le dernier couple que je voulais voir se défaire. Elle, enfant unique, a toujours eu l'habitude que l'on cède à ses caprices. Lui, enfant unique, l'a toujours comblée comme on l'a fait avec lui. Lui, est parti en province pour poursuivre ses études. Elle, est restée ici et a croisé la route de lui.
Je me souviens, il y a presque un an, la plupart d'entre vous me conseilliez de virer à droite, de profiter de ma jeunesse, de ne pas plonger davantage dans une relation devenue disproportionnellement sérieuse à mon age; ce qui était tout à fait légitime puisque vous avez juste fait que ce que je n'ai pas eu le courage de faire: écouter mon coeur.
Je ne sais pas vraiment ce qui m'a empêchée de prendre la route de droite, alors que mes sentiments pour lui de droite se développaient aussi vite que ceux pour lui de gauche s'estompaient. Sûrement le manque de courage, la paresse de devoir tout recommencer. La conviction, aussi, que tout ceci n'était qu'un débordement de sentiments du à une routine qui peu à peu avait consumé ma relation avec lui de gauche, alors qu'une forte complicité naissait avec lui de droite; un trop-plein d'amour à distribuer, que la distance a accumulé au fil des jours, des mois, et qui mettait ma fidélité à l'épreuve. Toujours est-il que je n'ai pas tourné à droite, quitte à aller droit dans le mur disais-je. Une goutte de raison dans l'océan du coeur.
Ce qu'elle n'a pas fait.
Elle a cédé.
Elle a cédé à des sentiments qu'elle a pris pour de l'amour, qui en étaient surement, mais un amour si vif et si soudain qu'il ne pouvait être qu'un sentiment égaré qui a sauté trop d'étapes. De l'attachement, de la tendresse et du manque, que quatre années de relation dont trois dénudées de passion ont pris pour un coup de foudre, que quatre années de stabilité dont deux de lassitude ont pris pour une délivrance.
Elle est sortie avec lui presque deux mois pendant qu'il était en province.
Elle est sortie avec une image de lui, un lui que son besoin de nouveautés, de changements, a idéalisé.
Je l'ai su il y a seulement un mois, mais pas par elle. Par lui. Elle sortait avec lui et il ne le savait pas. Je déplorais son choix mais je l'enviais un peu. Elle avait deux ans de plus que moi, mais venait de gagner un mois de jeunesse. Un mois de flirt et de passion. Pour vivre heureux vivons cachés. Un mois de bonheur et d'interdits.
La vie lui a laissé une chance de recommencer, et elle l'a saisie. Elle.
Moi, à mi-chemin entre couper ma route de gauche et oublier celle de droite, j'avais décidé d'aller tout droit pour prendre du recul et pour éviter le mur. En bas.
Là-bas (c'est le cas de le dire), après une semaine de soirées solitaires sur le pont d'un bateau à admirer sur le Nil les reflets d'une lune pleine comme ma tête, j'ai réalisé que ce n'était pas avec lui de droite que je voulais partager ces moments privilégiés.
A mon retour, même nos retrouvailles n'ont pas ravivé l'étincelle qui animait mon coeur à chaque fois que je le voyais, les trois mois précédents.
J'ai réalisé aussi sec combien je l'avais idéalisé, combien la perfection ne lui collait pas à la peau, et avec quelle rapidité ses défauts éclipsaient ses qualités.
J'ai juste gardé ce qu'il avait de meilleur, ce de quoi j'aurais du me contenter depuis le début: son amitié. Et je suis restée à gauche.
La flamme, qui avait fait de lui le privilégié qui reçut mon dernier coup de fil avant de décoller pour l'Egypte, s'est éteinte aussi vite qu'elle s'était allumée.
Quand, à son tour, elle m'a annoncé sa relation avec lui, je me suis rendue compte qu'elle n'était pas heureuse. Lui semblait tellement comblé que j'avais cru à un bonheur réciproque. Surement cette réciprocité a t-elle existé, mais peut-être a t-elle été, pour elle, de plus courte durée que ce que j'imaginais.
C'est ça l'égoïsme, être heureux dans son couple même quand l'autre ne l'est pas.
Il y a quatre ans, j'ai laissé partir le mec que j'ai le plus aimé de mes vingt années de vie, au prix, après, d'une longue déchirure de treize mois englobant un 14 janvier, parce que mon bonheur d'être avec lui n'était pas partagé et qu'il était trop lache pour me quitter.
Lui n'en a rien fait. Il l'a gardée à ses cotés en la sachant malheureuse et rongée de remords; en l'assommant d'excuses après chacun de ses reproches et en recommençant après. Il était amoureux certes, mais l'amour rend aveugle des défauts de l'autre, pas de ses soucis.
Elle n'était plus heureuse avec lui. Elle n'était pas, avec lui, la princesse qu'elle était avec lui. Elle m'a raconté au cours d'une longue discussion combien il lui manquait, mais qu'elle était toujours amoureuse de lui. Quand j'ai évoqué l'éventualité d'un conflit entre sa volonté d'indépendance et de nouveautés, et son rapprochement trop soudain avec lui, entrainant la confusion de sentiments d'autres natures qu'elle prenait pour de l'amour, elle a marqué un temps de silence avant de répondre évasivement "peut-être..."
Elle était déchirée entre sa volonté de retourner à une vie sans surprises mais avec quelqu'un qui l'aimait et la respectait, et celle de continuer à la pimenter avec quelqu'un qui l'aimait mais avec qui elle n'avait pas d'avenir.
Alors comme moi, elle a choisi de prendre du recul en partant en vacances. Mais avant même qu'elle n'ait eu le temps de faire sa valise, il a eu vent de son infidélité et l'a quittée.
Quelques jours plus tard, suite à une maladresse de trop de sa part, elle l'a quitté à son tour, réalisant trop tard qu'elle aimait toujours lui.
Droit dans le mur.
A chaque fois que j'y repense, j'ai l'impression de me retrouver dans pile et face. A part que pour réadapter le film à mon histoire, il faudrait l'appeler gauche et droite. Et non gauche ou droite. Comme si, au lieu de me dire "voilà, t'as choisi d'aller à gauche, tu ne sauras jamais ce qu'il se serait passé si t'étais allée à droite", on me montrait à quoi ma vie aurait ressemblé cette année (eh oui presque un an) si je m'étais engagée dans l'autre virage. Ça me trouble mais me conforte en même temps dans mon choix, même si j'aurais préféré que ça n'arrive pas, car elle est une amie qui m'est chère.
Il y a deux semaines, j'étais convaincue que contrairement à ce qu'elle prétendait, elle n'était plus amoureuse de lui, et que c'était le fait de l'avoir perdu qui avait ravivé de vieux sentiments qui s'emietteraient derrière elle en quelques semaines au fur et à mesure qu'elle continuerait sa route, toute seule, tout droit.
Il y a deux semaines, je pensais aussi que je partais à gauche pour la dernière fois et que je profiterais du fait qu'il parte faire ses études en Amérique du Nord l'année prochaine pour marquer une pause, plus ou moins longue, plus ou moins définitive, dans notre relation.
Mais il y a dix jours, en vivant ce séjour comme le dernier, j'ai réalisé sans le perdre ce que j'aurais réalisé après l'avoir perdu. Ce genre de choses que je réalise toujours trop tard et qui font de moi l'infatigable nostalgique que je suis. A part que cette fois-ci, je l'ai réalisé à temps.
Je me suis rendue compte de la chance que j'avais d'avoir un copain comme lui, d'être aimée par lui, et d'être encore avec lui après tout ce temps malgré la distance.
Je pensais qu'avoir détourné mes sentiments de lui pendant trois mois signifiait que les sentiments forts que je lui portais au début de notre relation étaient irrécupérables. Je pensais que jamais il n'arriverait à la hauteur de ce "lui" que j'avais idéalisé au début de notre relation. Je pensais que malgré tout l'amour et la passion qui ont rendu le prélude de notre histoire si beau et inoubliable, j'avais laissé les années dissoudre cet amour, et ne parviendrais jamais à honorer les promesses d'avenir qu'on s'était faites naïvement.
Mais je me suis rendue compte que je m'étais trompée. Qu'on avait encore beaucoup à vivre tous les deux et que j'avais à nouveau une perspective d'avenir avec lui. Qu'un besoin de changement était fréquent dans une relation (à distance qui plus est) mais qu'elle n'altérait pas forcément les sentiments dans leurs racines. Qu'il était fort probable qu'elle soit encore amoureuse de lui, et j'espère qu'ils seront à nouveau ensemble car son histoire aurait pu être la mienne, et elle ne mérite pas moins que moi de retourner à gauche.
J'ai attendu une semaine pour écrire ce post, pour être sure de ce que j'avançais. Pour être sure que ce manque insatiable n'était pas le fruit de mes infatigables nostalgies et qu'il ne s'estomperait pas au bout de trois jours.
Je suis sûre de moi maintenant. Dieu sait ce qui m'a empêchée de tourner à droite l'été dernier, et qui m'a poussée à dire à gauche que j'avais encore envie de continuer avec lui alors qu'on était à deux doigts de rompre, mais je l'ai échappée belle.
Et dans quelques mois, je le laisserai partir en Amérique, parce que ça va illuminer son CV, mais je ne le laisserai pas filer.
Ce sera toujours une relation à distance, il sera plus loin certes, mais qu'est-ce que l'Atlantique si ce n'est l'océan de nos coeurs enrichi d'une goutte de raison?
Et puis il sera toujours à gauche.
J'ai beau me dire
Qu'il faut partir
Je ne veux qu'il
Je ne veux qu'il
Marc Lavoine & Claire Klein