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mardi, avril 25, 2006

4 Aout 2001 - 24 Avril 2006

Un jour, il faut savoir dire...

C'est vrai, on a des souvenirs... mais on n'a plus d'avenir.


On a fait le tour de notre histoire.
Ca fait bizarre...


:: par leeloo à 08:07 ::
 
 
dimanche, avril 23, 2006

Entracte (6)

Voix 1?
Voix 1: oui?
C'était quoi ce délire hier?
Voix 1: quel délire?
Bah... j'ai passé une bonne demi-heure à me dire que je ne voulais plus être avec lui!
Voix 1: ah... mais... je dis rien moi...
Je crois que tu parles plus que tu ne le croies...
Voix 1: oups... mais c'est pas plus mal nan? comme ça tu te prépares au pire...
A ce moment-là, le pire c'était d'être AVEC lui!
Voix 1: mais... comment ça se fait?
Bah sans doute à force de t'entendre me dire qu'il vaut mieux ne pas espérer, et tous tes arguments... Pendant une demi-heure, j'ai eu peur que ça soit positif, peur d'être avec lui, peur d'entrer dans sa vie, de le voir seul en dehors des cours, d'être seule avec lui, de construire quelquechose avec lui, moi, lui, sans son frère, sans ses amis, sans mes amis, rien que nous deux, on ne s'est jamais vraiment vus seuls à part les fois où on se tournait autour, j'ai eu peur de rencontrer ses autres amis, sa mère peut-être, de participer à des soirées qu'il faisait sans moi l'année dernière, qui me donnaient à chaque fois l'impression qu'on m'essorait le coeur, j'ai eu peur d'entrer dans sa vie... pendant une demi-heure...
Voix 1: c'est parce que c'est lui... comme tu dis, c'est une vie qu'il menait sans toi l'année dernière, qui te torturait, ça te fait bizarre de te dire que t'as une chance d'en faire partie
Sans doute... enfin dans tous les cas, ça me rend drôlement service que tu me prépares au pire... mais essaie de faire en sorte que je ne lui demande pas à mon tour un temps de réflexion s'il me dit que c'est positif!

Voix 2?
Voix 2: oui?
TAIS TOI!
Voix 2: mais je parle pas...
Oh! que! si! J'ai SUPER mal au ventre!
Voix 2: je suis pas dans ton ventre!
T'as pas idée! Quand tu murmures, mon cerveau se focalise sur toi, je ne peux plus travailler; quand tu parles un peu, j'ai le coeur qui se contracte; quand tu parles beaucoup, j'ai le ventre qui explose et je tousse; quand tu parles trop, j'ai mes battements de coeur qui se multiplient par cent; et quand tu parles beaucoup trop, je tremble tellement que je suis obligée de m'allonger!
Voix 2: ah merde...
Ah bah oui!
Voix 2: mais là c'est parce qu'on est dimanche...
TAIS TOI !!!
Voix 2: c'est le neuvième jour...
BON SANG !!! T'ES UN MONSTRE !
Voix 2: je suis ton inconscient
Oui bah pour ça oui t'es inconsciente...
Voix 2: même si je me tais, t'y penseras... on est dimanche...
Bon, je crois que tu te tairas pas, il est 7h24 et je vais me prendre un petit verre... je sens que ça va être infernal sinon.

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Tu n'aurais pas du me lever si tôt.
En fait il fallait que tu travailles.
Mais là tu ne travailles pas.
Et du coup, ce temps que t'aurais du passer endormie, tu le passes consciente.
Ca te laisse plus de temps pour penser.
Plus de temps pour stresser.
Penser à quoi?
Stresser pour quoi?
T'as peur que ça soit négatif, t'as peur que ça soit positif.
Tu détestes rester dans le doute, mais t'as peur du verdict.
Dans tous les cas.
Dans tous les cas, t'as des raisons d'avoir peur.
Si c'est positif, tu seras heureuse mais tu devras reconstruire ce que tu pensais pendant quatre ans et demie ne plus jamais avoir à reconstruire.
Si c'est négatif, tu seras déçue mais ta vie reprendra là où tu l'as laissée, tu ne reconstruiras sans doute rien de si tôt, c'est trop fatigant de tout recommencer.
C'est aussi demain qu'il finit ses examens.
Ton copain actuel.
Donc demain que tu vas mettre un terme à votre relation.
Ou après-demain, ça dépendra du décalage horaire.
Tu ne réalises pas encore, mais ça va être dur.
Vous avez partagé beaucoup de choses, gardé beaucoup de souvenirs.
Mais avoir des souvenirs n'est pas avoir de l'avenir.
Tu sais ce que tu fais.
Vous ne vous comprenez plus.
Vous ne vous attendez plus.
Il y en aura des changements ce mois-ci.
Ca te fera du bien. Sans doute.
T'es rentrée dans la routine à même pas dix-sept ans.
Tu dois revivre maintenant.
Avec ou sans lui.
Demain ou pas demain.
Que ça soit positif ou pas.
Qu'il te réponde ou non.
Bien-sûr que ce serait mieux avec lui.
Quoi que t'en penses.
Ou pas.
Tu ne sais plus.
Oui c'est fatigant de reconstruire.
Après avoir détruit ce qui t'a pris plus de quatre ans et demie.
C'est fatigant de reconstruire tout de suite après.
Dans tous les cas, t'as une compensation.
Soit t'es avec lui, soit tu souffles, tu fais une pause.
Et on t'invite à boire aussi.
Mais c'est lui...
C'est lui...
Tu l'as perturbé.
Même si c'est négatif, tu pourras avoir la satisfaction de l'avoir perturbé.
Lui.
Lui qui t'a perturbée pendant un an et demie.
Ca aura été réciproque pendant au moins quelques heures.
Lui.
Pas n'importe qui.
Lui.
C'est fou.
Lui dont tu parlais tout le temps.
Ton amitié très forte.
Il a pensé à toi pendant au moins une soirée.
Il a essayé d'entrer dans ta vie pendant au moins un après-midi.
Même si c'est négatif, tu resteras quelqu'un qui a compté.
Quelqu'un à qui il a pensé.
Quelqu'un pour qui il a éprouvé des sentiments.
Quelqu'un qui lui a fait confiance en lui ouvrant son coeur.
Quelqu'un à qui il n'a pas dit "je suis désolé, tu n'as aucune chance".
Quelqu'un qui l'a troublé par ses révélations.
Mais surtout quelqu'un à qui il s'est confié.
A qui il a parlé des sentiments qu'il avait eus, lui si réservé.
Devant qui il n'a pas choisi de se taire.
T'as été quelqu'un d'important pendant au moins un après-midi, une soirée.
Même si ça en reste là, tu ne seras jamais Personne.
Et si ça n'en reste pas là, tu seras comblée.
Aussi inquiète sois-tu maintenant.
C'est lui.
Pas n'importe qui.
Comme un personnage secret que tu t'es créé dans ta tête pendant un an et demie.
Tu n'avais jamais envisagé que ça puisse être réel.
T'étais ancrée dans ta routine, avec ton homme de loin, tu privilégiais la stabilité.
Ton coeur avait pris cher avant lui, et tu n'avais plus la force de recommencer.
Tu étais bien avec lui.
T'as été comblée pendant un bon moment.
Et après t'as été bien.
De combien était ce moment sur quatre ans et demie?
C'est marrant de regarder la vérité dans les yeux.
De la voir te barrer la route et t'obliger à l'écouter.
Tu n'as jamais cru au père Noël.
Qu'ont ressenti ceux pour qui c'était une vérité inaliénable depuis la naissance, le jour où ils ont appris qu'il n'existait pas?
La même chose que toi ce mercredi 12 avril de 5h à 7h dans ton lit quand tu t'es rendue compte que t'avais une autre option?
Que tu n'étais pas obligée de rester dans l'ombre toute ta vie?
De ne jamais lui dire?
De ne jamais tenter?
La même chose que toi ce jeudi 13 avril à 21h dans le séjour quand tu t'es précipitée sur les résultats du sondage?
Que la vérité s'est abattue sur toi?
Que ton coeur t'a révélé ce que tu t'étais efforcée de ne pas savoir?
De ne pas vouloir?
C'est marrant, quand on connait la vérité, on regarde en arrière et on se dit qu'on était quand même sacrément borné pour ne pas la voir.
Elle était tellement évidente...
Le père Noël ne laissait jamais de traces de suie sur le parquet.
T'as parlé de lui sur ton blog pendant un an et demie.
Tu t'étais déjà imaginée être avec lui.
Comme on s'invente souvent une autre vie.
T'as déjà parlé plusieurs fois de passer à côté de quelquechose.
T'as longtemps été perturbée par lui.
(et là tes lecteurs sont en train de donner un sens à tous les posts qu'ils n'avaient pas compris...)
Si c'est positif, tu seras plus que comblée.
C'est quelquechose que t'as toujours cru inaccessible qui se réalisera.
C'est le père Noël qui existera.
Je crois que ce sera inexprimable.
C'est lui.
Lui!
Lui que ton coeur a essayé de séduire pendant un an et demie.
Lui que ta raison a essayé de snober pendant un an et demie.
Comment quelqu'un a t-il pu te faire autant d'effet sans que tu ne t'en rendes compte?
Comment as-tu pu te forcer à ne rien tenter, à croire que ce n'était qu'un délire et que ça te passerait?
Comment as-tu pu ne jamais réaliser ce que tout ton entourage avait remarqué?
Tu crois que ton copain aussi le sait?
Comment t'es-tu fait cette raison stupide qu'il fallait que tu passes à côté de quelqu'un comme lui?
Tu te sens bête hein quand tu regardes en arrière...
Tu te désespères hein quand t'y penses...
Ca te fait sourire quand même quelque part...
Eh oui, c'est bien toi qu'a fait ça...
Mais ça te fait du bien de t'en rendre compte.
Que tu sais encore aimer.
Que tu peux encore revivre.
Que ton coeur ne s'est pas glacé.
Que ta raison n'est pas si bornée.
Tu t'es reconciliée avec ton passé.
T'as revu lui et lui.
Celui qui a faillit te faire dévier à droite une première fois en 2003.
Et celui que t'as mis cinq ans à oublier.
Celui à cause de qui t'as bloqué tes sentiments pendant deux ans.
Et celui à cause de qui t'as privilégié la stabilité pendant trois ans.
C'est toi qui a demandé à les voir.
Ca t'a fait plaisir qu'ils acceptent, ça t'a fait du bien de les revoir.
De les revoir et de te dire qu'ils n'auraient plus d'impact sur ta vie sentimentale.
Que t'avais tourné à droite.
Que t'avais choisi le risque.
T'as trouvé quelqu'un pour qui tu ne regretteras jamais d'avoir dévié ta route.
Contrairement à si tu l'avais fait avec lui.
T'as trouvé quelqu'un que t'aimes comme tu pensais ne plus jamais pouvoir aimer.
Contrairement à ce que tu t'étais dit quand vous avez rompu cinq ans avant.
D'ailleurs cette année le 12 mai tombe un vendredi.
La boucle est bouclée.
Ca t'a fait drôle de te confier à lui.
A ton ex d'il y a cinq ans, six ans presque.
Ce te surprend à chaque fois que vous vous parlez, de voir que vous vous entendez si bien.
Mais là, tu parlais de lui.
A ton ex que t'as mis cinq ans à oublier.
Il t'a donné son avis.
Il t'a donné des conseils.
Il a réalisé lui aussi combien tu tenais à lui.
Il n'a pas hésité à être franc avec toi, ni à te faire la morale.
Il t'a écoutée jusqu'au bout.
Attentivement.
Parler d'un autre.
A lui que t'as mis cinq ans à oublier.
Cette année, le 12 mai tombe un vendredi.
La boucle est bouclée.
J'espère que ça se passera mieux cette fois.
J'espère que ça se passera bien demain.
Tu n'as pas pris de café ce matin.
Tu toussais déjà suffisamment comme ça.
Mais tu t'es calmée là.
Ca t'a fait du bien de m'écouter.
Essaie de ne plus y penser maintenant.
T'as peur d'être déçue demain, c'est normal, c'est le risque, tu le savais.
Arrête d'y penser.
Arrête d'imaginer.
Ca te fera moins mal si c'est négatif.
Ca te rejouira plus si c'est positif.
Tu sais que dans tous les cas, ce ne sera jamais pire que de douter.
Pire que d'espérer.
Surtout pendant dix jours.
Si c'est négatif, tu lui en voudras peut-être un peu.
Parce que tu n'attendais rien quand tu lui as dit, et qu'à cause de lui t'as espéré.
Pendant dix jours.
Si c'est positif, je te souhaite d'être heureuse.
Dans tous les cas, dis toi que lui aussi a vécu ces dix jours.
Dis toi qu'il t'a accordé de l'importance.
Ca ne s'invente pas.
C'est lui quand même...


:: par leeloo à 07:03 ::
 
 
samedi, avril 22, 2006

Souviens toi (3)(10)

Quand j'y pense, en fait tu ne l'as jamais réalisé avant d'agir. A quoi tu t'es bornée au juste? Tu t'es tellement refusée à ces sentiments que tu as tout fait pour ne pas les voir. Même au moment d'agir, tu ne les voyais pas encore. Tu te disais que c'était de l'attirance, de l'affection, du désir, en fait non je crois que tu ne te disais rien du tout, tu prenais ce qui venait à toi, tu prenais ce que tu ne pouvais plus te cacher, heureusement que ces sentiments ont débordé sinon tu ne les aurais peut-être jamais remarqués, jamais acceptés. Tu les prenais comme ils t'arrivaient, bruts, sans signification, tu n'as jamais cherché à les analyser, tu as essayé jusqu'au bout de ne pas savoir.

Souviens toi, quand t'es rentrée chez toi ce 13 Avril, tu souriais. T'étais persuadée d'être satisfaite. D'avoir réussi à lui dire. D'avoir reçu son dernier texto. De lui avoir fait de l'effet.
T'étais persuadée de t'en contenter.

Jusqu'à ce qu'elle envoie ce sondage pour votre projet. Qu'elle aille chercher les résultats et qu'elle te dise "il y a répondu".
Ton coeur s'est affolé. Tu voulais voir ses réponses. Un simple sondage. Pour un projet. Neutre.

Il a fallu que t'en arrives jusqu'à là pour te rendre à l'évidence.
Tu venais limite de sauter sur les résultats d'un sondage banal parce qu'il y avait répondu.
Ca fait mal hein, quand on réalise.
Heureusement que les études de marché, ça existe.
Ca faisait d'autant plus mal que tu venais de lui dire que ce n'était pas grave, que les conséquences seraient ce qu'elles étaient et qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer.
A lui.
Lui qui avais eu des sentiments pour toi en même temps que t'en avais eus pour lui.
Lui que ta déclaration avait perturbé.
Lui qui était sans doute en train de passer sa soirée à penser à toi.
Tu venais de te rendre compte que tu ne voulais pas juste lui ouvrir ton coeur.
C'était lui.
Ca faisait un an et demie que c'était lui.
Tu ne lui avais pas dit juste pour le plaisir de lui dire. Si ça ne marchait pas, ça ne te ferait pas rien. T'en souffrirais. Eh oui. C'était beaucoup, beaucoup, beaucoup plus violent que ce que tu pensais. Ce n'était pas que des papillons dans le ventre. Ce n'était pas que des sourires et des regards. Ce n'était pas que de l'attirance ou de l'affection. C'était beaucoup plus fort. Oui tu t'étais caché tout ça. Tu couvais ça depuis tout ce temps. Tu te l'étais refusé.

Ma pauvre fille, tu me fais bien rire aujourd'hui.
Ca faisait longtemps hein, que tu n'avais pas été amoureuse...


:: par leeloo à 22:47 ::
 
 

Entracte (5)

Voix 1 : et puis même si elle a effectivement appelé pour lui, rien ne dit que c'est une bonne nouvelle...
Voix 2: pas possible...
Voix 1: elle avait une voix bizarre...
Voix 2: quel rapport?
Voix 1: ils sont proches quand même...
Voix 2: ...
Voix 1: ...
Voix 2: ah nan...
Voix 1: ...
Voix 2: ah nan...
Voix 1: ...
Voix 2: ah nan... tais toi!
Voix 1: tu vois...


:: par leeloo à 14:34 ::
 
 

Entracte (4)

Voix 1: nan.. chut... tais toi...
Voix 2: hmmm...
Voix 1: s'il te plaît, retiens toi!
Voix 2: PEUX PAS!
Voix 1: tu te fais des films!
Voix 2: non...
Voix 1: chut... chut...
Voix 2: elle l'a appelée!
Voix 1: bordel! tais toi!
Voix 2: c'est elle!
Voix 1: tais toi, tais toi!
Voix 2: elle a demandé quand elle rentrait à Compiègne...
Voix 1: par politesse...
Voix 2: elle a appelé que pour ça!
Voix 1: non pour le programme de l'examen
Voix 2: espèce de naïve, ils ont tous reçu le programme par mail!
Voix 1: chut... laisse la tranquille s'il te plait...
Voix 2: non! je peux pas!
Voix 1: il le faut!
Voix 2: elle lui a demandé deux fois...
Voix 1: je sais...
Voix 2: quand elle rentrait...
Voix 1: je sais, j'étais là...
Voix 2: elle a appelé pour ça...
Voix 1: je crois pas...
Voix 2: c'est elle... c'est son amie... à lui...
Voix 1: je sais, mais faut arrêter maintenant...
Voix 2: je peux pas... c'est elle...
Voix 1: tu te fais des films...
Voix 2: c'est trop bizarre...
Voix 1: c'est pas la première qu'elle l'appelle...
Voix 2: pour demander quand elle rentre?...
Voix 1: par politesse...
Voix 2: deux fois...
Voix 1: et alors...
Voix 2: trois, même...
Voix 1: elle voulait pas donner l'impression d'appeler juste pour un renseignement...
Voix 2: elle a appelé pour lui...
Voix 1: non...
Voix 2: si...
Voix 1: tu te fais des films...
Voix 2: non...
Voix 1: faut arrêter...
Voix 2: je peux pas...
Voix 1: mais tu dois...
Voix 2: tu me crois...
Voix 1: je veux rien croire...
Voix 2: tu me crois...
Voix 1: et tu devrais en faire autant...


:: par leeloo à 13:41 ::
 
 

Entracte (3)

Voix 1: arrête...
Voix 2: je peux pas...
Voix 1: arrête!
Voix 2: je peux pas!
Voix 1: tu la stresses!
Voix 2: normal, je stresse!
Voix 1: alors stresse dans ta tête!
Voix 2: très drôle...
Voix 1: faut qu'elle bosse!
Voix 2: oui bah...
Voix 1: égoïste!
Voix 2: tu t'es vue?
Voix 1: je me tais moi
Voix 2: t'as rien à dire
Voix 1: bien sur que si
Voix 2: non t'as rien à dire, ce qui se passe me concerne, pas toi
Voix 1: tout ce qui te concerne, me concerne, je suis ton opposée
Voix 2: alors qu'est-ce que tu vas lui dire?
Voix 1: le contraire de ce que tu lui dis
Voix 2: le contraire de "Regarde Leeloo t'as reçu une déclaration de quelqu'un pour qui tu n'as pas sentiments, et ça ne te perturbe absolument pas. D'ailleurs depuis tu t'imagines recevoir des déclarations de chacun de tes amis et même dans ton imagination aucune ne te perturbe. S'il est perturbé par ce que tu lui as dit il y a huit jours, c'est que ce n'est pas anodin..."?
Voix 1: "Leeloo, tu n'as même pas sauté au plafond quand t'as appris que tu partais aux States, rends toi à l'évidence, à force de refouler tes sentiments il t'arrive souvent de ne plus rien ressentir au moment où tu devrais ressentir quelquechose. Tu ne ressens plus que la colère, la tristesse et le stress quand tu es dans le doute. Tu ne ressens plus la joie ni l'excitation quand t'arrêtes de douter... Certaines choses ne te perturbent plus. Peut-être que dans ton état naturel t'aurais été perturbée par une déclaration, même si tu n'avais pas de sentiments... Pareil pour lui, peut-être qu'il a été perturbé parce que t'es son amie, rien de plus..."
Voix 2: "Leeloo... on est samedi..."
Voix 1: tricheuse!
Voix 2: tu n'empêcheras pas les jours de passer
Voix 1: c'est sûr, alors laisse la travailler!
Voix 2: je peux pas!
Voix 1: tu peux!
Voix 2: non, je peux pas!
Voix 1: bien sûr que tu peux! suffit de te taire!
Voix 2: ha, facile à dire, toi-même t'y arrives pas!
Voix 1: bien sur que j'y arrive!
Voix 2: bah non tu me parles!
Voix 1: t'es vraiment nulle...


:: par leeloo à 12:09 ::
 
 
vendredi, avril 21, 2006

Souviens toi (3)(9)

Souviens toi, c'était le jeudi 13 avril 2006.
La veille, tu venais de prendre une décision que tu n'avais pas prise depuis quatre ans et demie. Une décision que tu n'avais pas prise deux ans auparavant. Tu t'étais couchée sereine car il avait accepté le rendez-vous que tu lui avais fixé. Et tu t'es réveillée trois fois ce matin là. A chaque fois, tu repoussais ton réveil d'une demi-heure parce que tu sentais que si tu ne continuais pas à dormir, ton estomac commencerait à se nouer. Au bout du troisième réveil, t'as commencé à tousser. Ca y est, c'était le signal. T'allais tousser pendant une demi-journée.

Souviens toi, après avoir pris ta douche, t'as descendu ton pc dans le séjour parce que tu savais que tu ne réussirais pas à travailler dans ta chambre. Tu n'as pas réussi en bas non plus. Souviens toi que le café, ça n'aide pas. Souviens toi que t'as vu tes colocs descendre successivement, l'un après l'autre. Ils se sont succédé à la place en face de toi pour prendre leur petit déjeuner, c'était marrant, du moins t'as essayé de trouver ça marrant. Souviens toi, tu ne parlais pas beaucoup. Souviens toi, tu toussais beaucoup. Souviens toi, t'avais mal au ventre. Souviens toi, tu ne respirais plus, tu soupirais. Souviens toi, tu te cognais la tête sur la table. Souviens toi, t'as mangé une biscotte en une heure.
Souviens toi, il faisait gris. Souviens toi, t'as allumé la télé pour voir le temps qu'il ferait l'après-midi. Souviens toi, il ferait gris. Souviens toi, il t'a regardée en souriant. Amusé.
Souviens toi, il t'a dit en partant "c'est marrant, on est tous dans le même état dans ces situations là. d'ailleurs je me demande si j'aurais pas été pire".
Souviens toi qu'il était fort pour t'encourager avec des phrases simples.

Souviens toi, ensuite t'as été en tp avec ton autre coloc. Sans estomac. Le coeur affolé. Le ventre tremblant. Les jambes ramollies. T'avais tp à côté de lui. Tu ne savais pas comment te comporter.
Souviens toi que c'est pratique d'avoir un coloc comme binôme.
Souviens toi que c'est pratique quand le binôme est au courant.
Souviens toi que vous êtes arrivés en avance, et qu'il est arrivé au moment où tu t'es levée pour chercher une feuille à l'imprimante.
Souviens toi que vous vous êtes fait la bise sans rien dire.
Souviens toi que tu l'avais trouvé froid.
Souviens toi qu'il avait gardé sa place à côté de toi.
Souviens toi qu'il n'a pas parlé pendant une demi-heure.
Souviens toi que quand on ravale son stress, ça fait mal au ventre.
Ou à l'estomac quand il est là.
Quand il est là et qu'il est vide parce que tu ne manges plus.
Le stress rebondit sur les parois du vide.
Souviens toi encore que c'est pratique quand le binôme est au courant.
Souviens toi que son bras est toujours là pour que tu le meurtrisses.
Souviens toi les grimaces que tu lui faisais à chaque rebond du stress.
Souviens toi les sourires d'encouragement qu'il te rendait.
Dieu qu'il était fort.
Dieu que t'as remercié le ciel qu'il ait été là.
Souviens toi qu'après une demi-heure, il t'a parlé.
Une banalité.
Il voulait que le cours se fasse en anglais.
Souviens toi les deux-trois banalités que vous avez échangées.
Souviens toi quand il a pris sa pause avec son binôme et qu'il est sorti.
Souviens toi, t'as dit à ton binôme/coloc/ami que tu ne pourrais pas le faire.
Souviens toi la veille tu t'étais couchée sereine.
Tu n'avais pas encore réalisé.
En te retrouvant face à lui, tu t'étais rendue compte que c'était bien plus dur dans la réalité que dans ton imagination.
Souviens toi que t'as passé le reste du cours à faire non de la tête, à avoir mal au ventre, à faire des grimaces.
Souviens toi qu'en partant, il t'a dit "bonne journée".
Bonne journée?!
Souviens toi que ton binôme/coloc/ami t'a rassurée, c'était normal il était avec son binôme/ami, il n'allait pas dire "à cet après-midi".
Souviens toi qu'en rentrant chez vous, ton binôme/coloc/ami t'a donné le verdict.
Il n'était pas froid, il était tendu.
Souviens toi que si t'avais eu un pouvoir sur le temps, tu l'aurais reculé.
Ou avancé.
Mais tu ne pouvais plus rester là, attendre.
Pourtant t'as attendu. T'as attendu une heure décente pour prétendre être en pause.

Souviens toi ce que t'as fait pendant trois heures. Rien, c'est pas dur.
Souviens toi qu'au bout d'une demi-heure pratiquement tous tes colocs étaient partis en cours, il ne restait plus que ton binôme.
Souviens toi tu t'es allongée sur le dossier du divan et il s'est allongé à côté de toi sur le divan.
Il révisait son cours, une main sur ton bras pour calmer tes tremblements.

Souviens toi le texto que t'as reçu après.
Il te parlait du mauvais temps et de la balade qui n'allait pas être gaie.
Souviens toi comme t'as stressé.
Souviens toi comme t'as eu peur.
Non pas si près du but.
Il n'allait pas annuler.
Tu devais trouver une parade.
Quelquechose de percutant, qu'il ne puisse pas refuser.
Tu lui as répondu que ce serait d'autant plus intime.
Il n'a pas pu refuser.
T'as recommencé à respirer.
Après coup, quand t'y as repensé beaucoup plus tard, il voulait peut-être tout simplement te rappeler que vous deviez vous voir.

Souviens toi quand ton dernier coloc est parti en cours.
Souviens toi cette heure horrible à tourner dans la maison.
Souviens toi cette vaisselle que tu n'as même pas réussi à faire.
Dis je tousse encore maintenant, en me remémorant tout ça.

Souviens toi, tu savais qu'avec le stress, tu ne ferais rien de bon.
Souviens toi, t'as pris une petite gorgée de rhum pour te calmer.
Souviens toi qu'après tu n'étais plus très lucide.
Mais souviens toi que t'étais plus détendue.

Souviens toi qu'en attendant de retrouver tes esprits, tu l'as appelée.
Souviens toi qu'elle t'a demandé si t'étais sûre de ce que tu faisais.
Souviens toi que tu l'as rassurée, que c'était bien ce que tu voulais.
Souviens toi que d'un coup, rien ne te semblait plus inaccessible.

Souviens toi qu'il était 15h10 quand t'as écrit le texto.
Souviens toi qu'il était 15h15 quand t'as envoyé le texto.
Souviens toi que tu l'as écrit en anglais parce que tu ne savais plus rien dire en français.
Souviens toi qu'il était 15h17 quand t'as reçu sa réponse.
Souviens toi qu'il était 15h21 quand t'as écrit à tes colocs.
Souviens toi que c'était à 15h40 que vous deviez vous voir.

Souviens toi que t'étais pile à l'heure.
Souviens toi qu'il avait cinq minutes de retard.
Souviens toi qu'en attendant t'écrivais à ta coloc.
Souviens toi que tu l'as vu arriver de loin et que tu l'as dit dans ton texto.
Ton estomac allait se déchirer tant il se nouait.
Le sol allait se dérober sous tes pieds tant t'avais perdu tes forces.
Souviens toi, t'avais tellement peur qu'il vienne avec son frère, son ami, elle, les trois.
Souviens toi, il est venu seul.

Souviens toi, t'avais prévu une banalité évidemment.
Que ce n'était pas facile d'écrire un texto en anglais avec le mode T9.
Souviens toi, il avait prévu une banalité également.
Je ne me souviens même plus ce que c'était.
Vous avez rigolé.
Ouf ça allait mieux.
Vous vous êtes promenés dans les allées du parc.
Il n'y avait personne, ou très peu de gens.
Souviens toi de cette allée là, entre le parc et la forêt.
T'étais tellement concentrée sur ce que t'allais faire, sur comment t'allais le faire, que tu n'as pas regardé autour de toi.
Il t'a dit "regarde, ils sont trop mignons".
Tu t'es retournée et t'as vu une femme de dos qui poussait une grande poussette.
Il a continué "des jumeaux...".
Souviens toi, t'as souri.
Bien-sûr, c'était une référence à vos délires.
Bien-sûr, il n'avait pas oublié.
Ce n'était pas parce qu'il avait arrêté qu'il avait oublié.
Vous avez parlé de tout et de rien en vous promenant. De vos projets qui n'avançaient pas, de vos plans pour la semaine de vacances, de vos départs à l'étranger, de vos anecdotes sur l'administration, du week-end où t'as attendu de savoir ce que le service des départs te voulait, tu lui as dit comme parfois c'était long d'attendre un week-end... si t'avais su...

Tu lui as proposé que vous vous asseyiez.
Ce serait trop dur en marchant.
Vous avez continué à parler, à vous taire, à parler, à vous taire.
T'étais si bien avec lui.
Vous vous étiez réconciliés en quelque sorte.
A ce moment là, tu n'avais plus le courage de rien faire.
Vous étiez si bien que tu avais quelquechose à perdre.
Avant cette heure ci, tu pensais que tu n'avais plus rien à perdre.
Mais là, tu ne voulais plus agir.
Tu voulais en rester là.
Passer un bon moment avec lui, juste ça.
S'il n'y avait pas eu tes colocs qui t'encourageaient par la pensée pendant leur cours, t'en serais peut-être restée là.
Ils avaient passé tellement de temps à t'écouter.
Ils t'avaient tant soutenue, tant encouragée.
Ils ne t'ont pas jugée une seule seconde, même en sachant qu'officiellement t'étais encore avec ton copain.
Tu ne voulais pas les decevoir.
A ce moment là, tu l'as plus fait pour eux que pour toi.

Il y a eu plusieurs silences.
T'aurais pu le faire plusieurs fois.
Mais t'as bloqué.
Ca faisait drôlement longtemps que tu ne t'étais pas retrouvée dans cette situation.
Plus de cinq ans.
Dieu que t'avais oublié comme c'était dur.
Dur de se lancer quand t'étais en face de la personne.
Même en y repensant, je me souviens que c'était dur, mais aussi fidèles soient-ils, ce ne sera jamais aussi dur dans mes souvenirs qu'à l'instant où t'étais assise sur ce banc.

Après plus d'une heure de banalités, il t'a dit qu'il devait y aller.
Que sa mère était venue lui rendre visite.
T'as alors répondu quelquechose que t'as regretté tout de suite après: t'as raison, rentre si ta mère est là.
Mais Dieu merci, ce mec était extraordinaire: je suis pas pressé non plus.

La chance était avec toi.


Silence.

Silence.

Un silence de plus et il allait partir.

"Bon."
T'as dit.

"Bon..."
T'as redit.

Et Dieu seul sait comment, t'as bloqué ta réflexion. T'as arrêté de réfléchir. De penser aux conséquences. De sentir sa présence. De te dire que c'était dur quand il était en face de toi. De te dire que c'était plus simple quand tu ne faisais qu'y penser dans ta chambre. Quand il n'était pas encore temps d'agir. Des coups qu'allait prendre votre amitié. Des coups que tu te prendrais s'il était réticent. Des coups que tu te prendrais s'il était consentant.
T'as arrêté de te poser des questions.
Ca faisait dix heures que t'essayais de le faire vainement.
Dieu seul sait par quel miracle t'as réussi à le faire, quelle force t'a aidée à le faire, à cette seconde précise, assise sur ce banc, dans ce parc, avec lui à cinquante centimètres de toi.

"Bon... si je t'ai fait venir c'était pour te parler de quelquechose."

Silence.

Arrête de réfléchir.

Ne le regarde pas.

Si, regarde le.

Il te regarde.

Aucune expression ne le trahit.

Il te regarde c'est tout.

Tu te tais.

Arrête de te taire.


"C'est pas facile...".


Il te regarde toujours.

Qu'il est beau...


"Bon..."

"Voilà..."


Tu le regardes.

Il te regarde toujours.

Différemment.

Il commence à comprendre que c'est important.

Son regard a légèrement changé.
Il n'a jamais été très expressif.
T'as juste perçu un changement léger.
Il était inquiet.

Parle.

T'as commencé, tu ne peux plus reculer.


"Me regarde pas comme ça, tu me fais peur..."
T'as dit.

"C'est toi qui me fais peur..."
Il a dit.


Cette fois t'as bien perçu que son regard avait changé.
Plus grand.
Plus inquiet.
Qu'il était mignon... Que t'aurais aimé le prendre dans tes bras...

Et là tu lui as dit. Que vos délires avaient eu des conséquences peu anodines sur tes sentiments.
Il t'a demandé ce que ça signifiait.
Pardi, tu savais très bien ce que ça signifiait! pourquoi a t-on toujours besoin d'être rassuré sur nos intuitions?

Tu lui as dit que... ça te faisait quelquechose.
Que t'y pensais depuis un bout de temps.
Que tu n'arrêtais plus.
Que tu ne pouvais plus rien faire.
Que ça te rongeait.
Que ça te bouffait.

Tes phrases étaient décousues.

Il ne te regardait plus.
Il regardait devant lui, avec son grand regard, son air impassible, son visage sans expression.
Tu savais qu'il était comme ça.
Que moins il se montrait expressif, et plus il réfléchissait.
Qu'il était beau...

Silence.

"Putain j'suis nulle"
"Ca veut rien dire ce que j'ai dit"
"J'suis trop nulle"


"Non t'es pas nulle..."


"Si..."
"C'est pas facile..."


"Je sais..."


Silence.

Silence.


Tu le regardais maintenant.
Tu lui as dit que t'étais désolée, que tu ne pouvais plus garder ça pour toi, que t'en étais arrivée à un point où il fallait que tu lui dises, que t'y pensais trop.

Que ça te torturait.


Il t'a regardée.
"A ce point..."

T'as hoché la tête.

Silence.

Il n'y avait personne autour de vous, vous étiez à l'entrée de la forêt et il faisait gris, le temps n'était pas propice aux balades.

Silence.

Silence.

Pesant.

Tu le regardais. Tu regardais devant toi.
Tu le regardais. Tu regardais tes pieds.

Silence.

T'as serré tes genoux contre ta poitrine.

Silence.

Puis t'as relevé la tête.

"Dis quelquechose s'il te plait..."

Tu chuchotais.

Silence.

"Je réfléchis..."

Il chuchotait.

Silence.

Tu l'as regardé.

"Te prends pas la tête avec ça... Je t'ai dit ça parce que je ne pouvais plus le garder pour moi. J'avais juste besoin de le dire. Te torture pas à ton tour avec ça. C'est pas grave... Ca changera rien... Les conséquences seront ce qu'elles sont... mais te prends pas la tête..."

Tu chuchotais toujours.

Silence.

Tu ne le pensais pas.
Tu voulais qu'il se passe quelquechose.
Tu voulais qu'il y réfléchisse.
Mais tu ne voulais pas le perturber.
Tu ne voulais pas le tracasser.
Tu ne voulais pas qu'il se prenne la tête.
Tu ne voulais pas qu'il se fasse du mal.
Tu ne le pensais pas.


"Ca fait combien de temps?"
Il a chuchoté.


Silence.
T'aurais voulu lui dire.
Un an et demie, pourquoi?
T'aurais voulu lui dire que depuis que tu le connaissais, il te faisait de l'effet.
Que dès la première fois, t'avais réagi.
Qu'il y a eu un épisode malheureux en mai 2003.
Que depuis tu refoulais inconsciemment tes sentiments.
Que tu n'avais jamais vraiment réalisé.
Que tu pensais que c'était juste une amitié très forte.
Beaucoup d'affection.
De tendresse.
Que quand il était là, ton coeur rayonnait.
Que quand vous ne parliez plus, le monde s'écroulait.
Que ça avait toujours été lui.
Qu'il t'a juste fallu du temps pour laisser tes sentiments émerger.

"Un bout de temps"
T'as juste répondu.

Silence.

Tu l'as regardé, tout calme, tout perturbé.
Il était attendrissant.
T'as souri.

"Allez, dis quelquechose..."

"Je réfléchis..."
Il a légèrement souri.

Tu l'as secoué.

"Nan, parle, j'en peux plus là!"

Il a rigolé.

Silence.

"C'est pas facile..."
T'as chuchoté.

"Je sais..."

"Alors dis quelquechose..."

Il a rigolé.

Il était plus détendu.
Toujours perturbé.
Mais moins tendu.

Et là... il a parlé.

Dieu...
Qu'il...
Aurait...
Du...
Se...
TAIRE!


Il chuchotait.

"Moi aussi, j'ai eu des sentiments pour toi"

Je sais, mes colocs me l'ont dit hier.

"Récemment..."

Silence.

"Mais ça s'est un peu calmé"

Silence.

"Moi aussi ça m'a travaillé..."

"Je ne savais plus..."

"J'y pensais aussi..."

"Comme toi..."

"A nous deux..."

Silence.

Silence.

"En fait je pensais..."

"Je sais pas, t'en parles pas souvent..."

"Mais t'avais un copain..."

"Loin..."


T'as soupiré.
"Loin..."

Il a répété.
"Ah d'accord... Loin..."

T'as répondu.
"Mais ça fait un bout de temps que ça ne va plus"

Depuis que je t'ai rencontré.


Silence.

Silence.

"C'était récent... Ces sentiments..."
Il a dit.

Silence.

"Je crois que c'était au même moment..."
T'as dit.

Silence.

Il a hoché la tête.

Silence.

"C'est con..."
T'as dit.

Silence.

Pas de réaction.

Silence.

"C'est con..."
Il a dit.

Silence.

Silence.

Silence.

Silence.

Silence.

...

"Allez... c'est pas grave..."
T'as dit.
"Je t'aime bien quand même"
T'as souri.

Il a souri.

"Moi aussi je t'aime bien"

Il ne te regardait pas.

"Tu restes mon petit [surnom]"

Il a rigolé.


Dieu qu'il était beau...

Dieu qu'il était beau...

Dieu qu'il était beau...


Il a arrêté de parler.

Toi aussi.

Il regardait devant lui.

Toujours sans expression.

Le regard loin. Profond.

Il était perturbé.

Tu l'avais perturbé.

Il ne s'en foutait pas.

Il y pensait.

Il réfléchissait.

Vous êtes restés presque une minute comme ça.

Le silence te pesait.

Ton coeur battait à tout rompre.

Les arbres tournaient autour de toi.

T'as à nouveau enfoui ta tête dans tes genoux.


"Faut que j'arrête de trembler maintenant..."

Silence.



"Donne ta main..."



T'as relevé la tête.



Il te regardait. Il te tendait sa main.


T'as posé la tienne dessus.


Et il l'a serrée dans la sienne.
Très fort.


T'en frémissais.

T'aurais voulu lui dire.

T'aurais peut-être dû.

Ne me prends pas la main comme ça.

Tu ne l'as pas fait.

Et si tu l'avais fait?

Il aurait compris?

L'effet qu'il te faisait?

Tu ne l'as pas fait.

Tu t'es contentée d'attendre une dizaine de secondes, et de retirer ta main.


Il t'a regardée.

T'as baissé les yeux.

Il a baissé les yeux.

Silence.

Silence.

Silence.

C'était fini.

Tu lui avais dit.

T'avais soulagé ton coeur.

T'allais pouvoir rentrer.

Travailler.

Arrêter d'y penser tous les matins, tous les soirs, toutes les secondes.

C'était ce que tu voulais.

Lui dire.

Tu t'es dit que tu n'attendais rien.

C'était vrai.

T'étais partie dans l'optique de lui dire, juste de lui dire.

Tu ne voulais pas le troubler.
Pas le forcer.

T'avais juste besoin de soulager ton coeur d'une passion secrète d'un an et demie.

Tu n'as pas imaginé une seule seconde être triste si ça ne marchait pas.

Et ça n'avait pas marché.

Tu n'étais pas triste.

Juste soulagée.

C'était fini.

Vous pouviez y aller.

...



"T'as bien fait de me le dire..."

T'as levé la tête.

Tu l'as regardé.


"Surtout avant les vacances"

Cette fois, c'était toi qui était inquiète.


"Ca laisse le temps d'y repenser..."
"D'y réfléchir..."

Cette fois, c'était toi dont le regard trahissait.

Un regard plus grand.

Inquiet.

Effrayé.

Non...


Non...

Ne fais pas ça...

Ne me donne pas d'espoir...

Ne me donne pas d'espoir...

Ne fais surtout pas ça...

Pourquoi t'as fait ça...

Je n'attendais plus rien...

Je n'espérais plus rien...

Pourquoi t'as fait ça...



Il t'a regardée.

Il t'a sourie.

Tu t'es forcée... tu lui as souri... tendue.

Et il t'a dit:

"Tu m'as donné du stress en plus pour les vacances!"

Silence.

Dieu qu'il était beau...

"On y va?"

"On y va"
T'as répondu.


Souviens toi, vous avez peu parlé dans l'allée pour sortir du parc.
Il était toujours aussi calme, impassible.

T'as essayé de le secouer.
Tu l'as supplié de parler.
T'étais perturbée aussi.
Mais il le fallait.
Il a rigolé.
Tu l'as taquiné.
T'as compris à ce moment là que ça n'aurait pas d'impact sur votre amitié de ton côté.
Tes colocs te l'avaient expliqué la veille: tu n'avais rien à perdre parce que si ça se passait mal, c'était toi qui couperais les ponts, pas lui.
Ils avaient raison, ces bougres.
T'as compris à ce moment là que tu ne couperais pas les ponts.
Que ça resterait ton ami.
Il a été ton ami pendant un an et demie, quoi qu'en ait pensé ton coeur.
Il le resterait.
T'as remercié Dieu de ne t'avoir donné qu'une toute petite fierté.
T'as remercié Dieu d'avoir sauvé votre amitié.

Vous avez réussi à échanger quelques banalités.
Vous avez réussi à parler d'autre chose sur la fin du chemin.
Il a même voulu t'inciter à faire ta rebelle en empruntant un chemin barré.

Puis vous êtes quittés à l'entrée du parc.

Sur le chemin du retour, tes pensées sont parties dans tous les sens.

T'étais contente.
T'étais fière de toi.

T'étais déçue.
Mais t'étais fière de toi.

T'as emprunté les petites rues.
Tu voulais être au calme.

Au bout du chemin le ciel s'est assombri.

Tu ne voulais pas rentrer.
Personne n'était rentré, encore.
Tu ne voulais pas rester seule.

Tu t'es assise sur un banc, dans le petit jardin devant chez toi.
Tu l'as appelée.
Tu lui as raconté.

Bien-sûr que t'étais plus déçue que contente.
Tu t'en es rendue compte en t'entendant parler.
T'as essayé de le cacher.
A toi avant tout.

Ca va.
Je t'assure ça va.

Tu le savais.
T'étais déçue.

T'avais plusieurs raisons d'être contente.
Il avait bien réagi, il ne s'en foutait pas, il avait eu des sentiments pour toi, t'avais réussi à lui dire, t'avais réussi à sauver votre complicité, et il avait l'air d'être encore plus proche de toi.

T'avais une seule raison d'être déçue.

Le coeur ne connait pas la démocratie.


Puis pendant que tu lui racontais, à elle, il a plu.
Légèrement.
T'as souri.
Après avoir raccroché, tu lui as envoyé un texto.
A lui.

"T'avais raison, il pleut"


Il t'a répondue un peu après.

"C'est marrant, pas chez moi. Le temps est aussi flou que mon esprit..."


Non, il ne s'en foutait pas.

Finalement ça allait mieux.

T'es rentrée chez toi, moins triste.

Et t'as attendu.

Attendu.

Attendu.


Comme le week-end dernier, quand t'as reçu le mail du service des départs.

Mais cette fois-ci, le week-end durait dix jours.


:: par leeloo à 07:04 ::
 
 

Entracte (2)

Voix 1: en fait je ne suis plus sûre de vouloir être avec lui
Voix 2: tais toi, tu racontes n'importe quoi
Voix 1: non je te jure ça fait une semaine que j'attends, et en une semaine t'as le temps de penser
Voix 2: ça fait un an et demie que je me tais et que j'attends ce moment, alors raconte pas n'importe quoi s'il te plait
Voix 1: nan mais en fait j'ai pas envie de m'engager dans une relation, tu sais tous ces impératifs que t'as quand t'es en couple, bloquer du temps pour le voir, déjà que le temps on n'en a plus beaucoup, tu sais ces choses là ça doit être régulier, peut-être rester certains week-end, sortir avec ses amis, se voir tout ça, tu sais que si un couple ne se voit pas régulièrement c'est pas bien, et moi j'ai la flemme de recommencer ça, je me rends compte, pourtant j'aurai envie de le voir c'est sûr
Voix 2: tu dis ça parce que pendant quatre ans et demie on était dans une relation à distance, t'as perdu l'habitude de voir la personne, de lui consacrer du temps, tu verras quand on sera avec lui, t'oublieras nos impératifs de temps
Voix 1: je sais pas
Voix 2: mais si tu sais
Voix 1: mais je préfère me dire ça, que y a des avantages à pas être ensemble
Voix 2: comme tu te disais qu'y avait des avantages à tourner à gauche
Voix 1: y avait rien à reconstruire au moins
Voix 2: et t'aurais vécu avec quelqu'un pour qui tu n'as jamais compris que tu n'avais plus de sentiments? arrête ça fait deux ans que je te demande de tourner à droite
Voix 1: ça fait pas deux ans qu'on n'a plus de sentiments
Voix 2: oui mais ça fait deux ans qu'on a pensé à changer
Voix 1: nan je pense que ce serait plus simple qu'on ne soit pas avec lui
Voix 2: tais toi elle pourrait t'entendre
Voix 1: nan mais on est amis, et regarde il met dix jours pour répondre, si on est ensemble je me demanderai s'il veut vraiment être avec nous comme on veut être avec lui, ou s'il est avec nous parce que bof ça coûte rien d'essayer
Voix 2: s'il met dix jours à répondre, c'est qu'il ne veut pas faire n'importe quoi, je suis sûre que ce serait le bonheur. c'est lui voyons, tous les jours depuis une semaine je me dis que bordel c'est lui, c'est lui qu'on a réussi à perturber, c'est lui qui réfléchit à cause de nous, lui, pas n'importe qui, lui! depuis le temps qu'elle pense à lui sans s'en rendre compte, depuis le temps que j'essaie de lui dire, depuis le temps qu'elle m'étouffe en te mettant devant moi, bordel c'est pas n'importe qui, c'est lui, et j'ai beau nous imaginer attendre la réponse de n'importe qui d'autre, ce ne sera jamais aussi intense
Voix 1: arrête tu vas être déçue si c'est négatif
Voix 2: peut-être mais j'aurai essayé, et je passerai pas le restant de ma vie à me demander ce que ça aurait pu être
Voix 1: vaut mieux que tu te taises
Voix 2: non
Voix 1: si
Voix 2: non
Voix 1: tais toi
Voix 2: hors de question
Voix 1: tais toi, faut qu'elle bosse
Voix 2: tais toi aussi alors, elle t'entend aussi
Voix 1: oui mais toi tu lui donnes trop d'espoir
Voix 2: toi tu la rends pessimiste
Voix 1: c'est pour qu'elle ne soit pas déçue
Voix 2: c'est pour qu'elle soit heureuse
Voix 1: tais toi
Voix 2: je le veux, lui, et elle aussi
Voix 1: chut, je t'entends plus
Voix 2: normal, je te parle plus, je lui parle à elle, quand elle m'entend elle sourit, quand elle t'entend elle est triste
Voix 1: c'est pour son bien
Voix 2: moi aussi
Voix 1: mais moi plus
Voix 2: ça m'étonnerait
Voix 1: oh que si
Voix 2: oh que non
Voix 1: si
Voix 2: non
Voix 1: si
Voix 2: non
Voix 1: si
Voix 2: non
Voix 3: dites les jeunes vous voulez bien vous taire un peu, faut qu'elle bosse là
Voix 1 et 2: tais toi, toi! on t'a pas demandé de t'en mêler!
Voix 3: mais elle a des examens...
Voix 1 et 2: tais toi on t'a dit!
Voix 3: c'est pas sérieux...
Voix 1 et 2: chut!! laisse nous tranquille
Voix 3: mais on est vendredi et elle a toujours rien fait! elle s'est levée à 5h30 et vous l'empêchez de travailler!
Voix 2: bon je vais la taper
Voix 1: ouais moi aussi, attends moi
Voix 2: seulement si tu veux être avec lui
Voix 1: non je t'ai dit, c'est pas sérieux tout ça
Voix 2: qu'est ce que le sérieux à côté de l'amour
Voix 1: t'as tort, elle en souffrirait si ça se passait mal
Voix 2: oui mais comment veux-tu être heureuse si tu ne risques jamais rien?
Voix 1: comment veux-tu être heureuse si tu souffres tout le temps?
Voix 2: tu dis décidément n'importe quoi
Voix 1: non c'est toi

Voix 2: non toi
Voix 1: toi
...



:: par leeloo à 06:03 ::
 
 
jeudi, avril 20, 2006

Souviens toi (3)(8)

Souviens toi, c'est à partir de ce moment que t'as réellement ressenti la douleur. Pas une douleur préalablement passée par ton filtre à sentiments. Non, une douleur à l'état brut, violente, en plein dans le ventre.

C'était le lundi même où t'as eu tes résultats pour l'étranger. L'après-midi, tu le voyais rire avec eux, t'ignorer complètement, je ne détaille pas, je préfère ne pas te le rappeler, mais cette douleur là, tu l'as sentie, je l'ai sentie avec toi, et j'ai eu mal. Tu n'as rien pu faire, toute la nuit t'y as pensé, tu t'es couchée très tard pour te lever très tôt, tu as bien mis quelques heures pour trouver la force de te relever, très franchement je ne sais pas comment t'as fait, seule dans ta chambre, la douleur te terrassait pourtant, tu n'étais plus capable de rien faire, et t'as réussi à trouver ce courage, je crois que tu n'es pas faîte pour subir.
T'as réussi à l'ignorer le matin, ça t'a redonné la pêche, le plus dur aurait dû être fait parce que tu n'étais plus censée le voir, mais tu l'as croisé, joyeux, avec eux, toujours, vous avez échangé des banalités, et t'es retombée. T'as encore passé la soirée à ne rien pouvoir faire, tu t'es encore couchée et levée tôt, mais cette fois-ci t'es restée deux heures dans ton lit à penser. Pas à réfléchir. A penser. Ca faisait deux ans que tu n'avais pas réfléchi à tes sentiments. Tu les as juste laissés sortir, laissés te perturber, t'empêcher de travailler, te clouer au lit, pendant deux heures, t'as pensé, t'as souffert, tu t'es souvenu, tu t'es imaginé, et tu t'es demandé... et si.
Et si.
C'est marrant que cette idée ne te soit jamais venue à l'esprit.
Et si.
Comment elle a fait d'ailleurs pour arriver jusqu'à toi.
Sans que tu l'y entraînes.
Et si.
Elle a suivi le flux de tes pensées et elle s'est engouffrée.
Seule. Tu n'as pas essayé de la chercher.
Et si.
C'est marrant, tu n'y avais jamais pensé.
Et si.
Depuis tout ce temps, t'as choisi de te taire, de souffrir en silence.
Et si.
Depuis tout ce temps, t'as choisi de subir. Ou de ne pas subir. De te battre. Ou de ne pas te battre.
Et si.
Je ne sais même pas ce que t'as choisi.
Et si.
En fait tu n'as rien choisi, ta raison a eu raison de ton coeur pendant deux ans.
Et si.
Pendant un an et demie, tu n'as pas pensé que vous pouviez être autrement que séparés.
Que vous pouviez être plus qu'amis, plus que complices.
Et si.
Mais maintenant tu le sais.
Et si.
Et si en fait t'avais une autre option.
Et si.
Et si.
Et si.
C'est marrant, quand même, que ça ne t'ait jamais effleuré l'esprit.


Souviens toi, l'après-midi, t'en as parlé à tes colocs. L'un après l'autre. Chacun son tour. Souviens toi comme ils ont été gentils. Tous. Ils ont tous pris le temps de t'écouter, d'étudier ton cas. Souviens toi, tu voyais ce jour comme ton jour de chance. Depuis le début du semestre tu ne t'étais jamais retrouvée seule avec elle, elle de qui t'étais si proche l'année dernière. Ce jour là, c'était rare, elle était seule, t'as essayé de ne pas réfléchir pour ne pas te taire, et tu lui as parlé. Tu lui as dit que t'avais mal au coeur, et tu lui as tout raconté. Elle a su dès le début que c'était lui. Vous avez parlé pendant deux heures. Elle a été de très bon conseil. Elle t'a donné de l'espoir, mais surtout elle a justifié l'espoir qu'elle te donnait. Ton autre coloc qui était déjà au courant, vous a rejointes, toutes deux t'ont dit que l'épisode de la photo qu'il est venu chercher chez toi, n'était pas anodin. Elle t'a conseillé de parler à l'un des colocs masculins, pour avoir un autre point de vue. Souviens toi, tu voulais parler à l'un des deux en particulier, car tu ne voulais pas déranger l'autre qui avait d'autres problèmes. T'as ouvert la fenêtre de la chambre, et comme miracle, tu l'as vu qui rentrait. T'as réussi à trouver un moment pour lui en parler, lui aussi a deviné de qui il s'agissait. Vous avez discuté pendant une heure ou deux, il t'a rassurée, il n'a pas hésité à être franc avec toi, bien-sûr que tu prenais des risques en faisant ça, mais comment voulais-tu atteindre tes buts sans prendre de risques. Il a été tellement sincère avec toi, que quand tu lui as raconté l'épisode de la photo pour lui demander son avis, et qu'il a commencé sa phrase par un silence suivi de "hmm... très franchement...", t'as été très surprise qu'il te réponde "si j'avais fait ça pour une fille, c'est que j'avais une idée derrière la tête". Souviens toi, ton deuxième coloc masculin était finalement de bonne humeur, et visiblement disposé à comprendre les raisons de ton stress. Souviens toi que sa voix a rejoint celles des autres.

Souviens toi qu'après, il a fallu te lancer. On était mercredi soir, il était déjà tard, tu n'avais pas cours le jeudi après-midi, et lui non plus. C'était ta dernière chance, vendredi c'était les vacances, et tu partais directement après les cours car t'avais une soirée. Il fallait que tu sois sûre de pouvoir le voir jeudi.
Souviens toi, t'es restée dans la chambre du dernier coloc à qui tu t'es confiée. Vous étiez allongés sur le parquet tous les deux. Tes battements de coeur guidaient ta respiration. Vous ne parliez plus. Il respectait tous les sentiments que tu pouvais avoir à ce moment précis. T'avais envie de tousser, quand tu stresses, tu tousses, mais là tu ne pouvais même plus tousser. Il fallait que tu te lances. T'avais peur qu'il refuse. Un refus t'aurait achevée. Il avait beaucoup de travail. C'était si facile de refuser. Tu réfléchissais trop. Tu réfléchissais encore au moment de lever ton bras, le portable à la main. Et t'as tapé ton message, la main tremblante, le corps tremblant, la maison entière peut-être.

.Est-ce que ça lui disait de se balader dans le parc demain après-midi?

Non, ça se refusait facilement.

.Tu savais qu'il n'avait pas cours le jeudi après-midi, alors tu lui proposais une balade dans le parc.

Mieux, mais ça se refusait toujours. Il fallait quelquechose de percutant, d'explicite.

.Tu savais qu'il n'avait pas cours le jeudi après-midi, alors tu lui proposais une balade dans le parc, car t'aurais aimé le revoir avant de partir en vacances.

Tu l'as fait valider par tes autres colocs, et tu l'as envoyé devant elle, elle ne te laissait pas remonter sinon. Quand t'as appuyé sur OK, ton coeur a faillit bondir hors de toi. Tu n'aurais pas supporté l'attente, tenir le portable dans ta main, attendre qu'il vibre, vérifier qu'il n'était pas sur silencieux, vérifier que la boite ne saturait pas, vérifier qu'il avait bien de la batterie, vérifier qu'il ne s'était pas éteint, vérifier que le clapet répondait bien, vérifier qu'il n'avait pas vibré dans ta main sans que tu le saches, ton coeur n'aurait pas supporté, alors t'as dit à elle de garder le portable en bas, que tu remontais, que tu ne pouvais pas le garder, et qu'elle allait te chercher quand il vibrait.
T'es retournée dans sa chambre à coloc-lui. Allongée sur le parquet. Tu tremblais, quelquechose d'incroyable. Il a été très gentil, il t'a tenu la main pendant dix minutes, ça t'a fait du bien, tu tremblais toujours, mais c'était mieux. T'as essayé de parler d'autre chose, ça a presque marché, et là tu t'es dit que non, la pire chose qu'il pouvait te faire, ce n'était pas de refuser, mais de ne jamais répondre.
T'as attendu une demi-heure.
Une demi-heure!
Si un week-end c'est long, alors qu'est-ce qu'une demi-heure?!

Puis elle est montée. Ils étaient là tous les trois. Ils n'osaient pas te regarder. Ils ont essayé de faire autre chose. Ils ont fait semblant d'être occupés ailleurs. T'as lu le message dans ta tête. "J'ai pas mal de travail". Tu le savais, tu le savais, tu le savais qu'il dirait ça, qu'il refu... "mais je me prendrais bien une pause au parc".
T'as sauté à travers la maison.
Tu les as tous embrassés.
Il avait accepté.
Il avait accepté.
Il avait accepté.
Ton message était explicite.
Il avait mis du temps à répondre.
Il devait savoir dans quoi il s'embarquait.
Ne serait-ce qu'en acceptant, c'était bien...

T'as arrêté de trembler.

Le plus gros était fait... pour ce soir là.


:: par leeloo à 23:13 ::
 
 

Souviens toi (3)(7)

Du jour au lendemain, il est devenu plus distant.
Souviens toi qu'une semaine, c'est long quand on souffre. C'était long quand il te disait bonjour et qu'il continuait sa discussion. C'était long quand tu le taquinais et qu'il ne réagissait pas. C'était long quand tu le relançais dans vos délires et qu'il te répondait normalement.
C'était long quand il ne voulait plus t'épouser.
C'était long quand il ne voulait plus d'enfants de toi.
Plus de jumeaux.
C'était long quand il ne voulait même plus te tromper.
Même maintenant, en y repensant, j'ai l'impression que cette semaine a duré plus que ça.

Evidemment, tu t'es demandée si t'avais fait quelquechose de mal. Difficile d'évaluer, alors que la veille vous échangiez des regards significatifs en vous séparant devant chez toi.
Peut-être avez-vous été trop proches ce jour là? Peut-être aurait-il voulu qu'il se passe quelquechose et qu'il a été déçu?
Peut-être aurais-tu dû t'allonger plus près?

Puis il y a eu le week-end. C'est long un week-end aussi parfois. Samedi matin, t'as lu ce mail tout simple "venez me voir dans mon bureau" envoyé par le service des départs à l'étranger vendredi matin, deux minutes après que t'aies éteint ta session. Si tu n'étais pas partie plus tôt du cours, tu l'aurais lu et t'aurais su ce qu'on te voulait. C'était la récompense des courageux qui ne râtaient pas même les cinq dernières minutes. Du coup, tu ne savais pas pourquoi on te demandait, et évidemment tu stressais. On t'avait dit que les résultats n'arriveraient qu'un mois plus tard. T'allais devoir attendre tout un week-end avant de savoir pour quoi on t'écrivait. Pour les décisions importantes, un week-end c'est long.
Souviens toi, c'est là que ton coeur a commencé à battre très fort. Ton coeur bat rarement très fort, surtout quand tu contrôles ton stress.
Mais ce week-end là, il n'a pas arrêté.
Ce week-end là, t'as attendu.
Et ce n'était qu'un début.

Lundi, t'as finalement appris que t'avais été affectée dans l'école américaine de ton premier choix pour une année d'études. Oh je me souviens, t'étais excitée comme tout quand tu l'as annoncé à tes amis. C'était normal, t'allais partir. Par contre, ce dont je me souviens surtout, c'est que ça n'a même pas duré une demi-heure. Je me souviens comme tu t'es calmée rapidement. Tu as décidé à un moment qu'il fallait que tu suives le cours, et t'as suivi le cours. Tout simplement. Quand on t'a demandé pourquoi t'étais si calme alors que tu venais d'avoir ton premier choix, t'as répondu que tu ne devais sûrement pas réaliser.
Mais alors, en fait, tu n'as jamais réalisé?

Je crois qu'en fait tu pensais à autre chose.
Souviens toi, une semaine avant, le week-end où il est passé chez toi. La veille, tu t'étais confiée à elle, et t'avais passé la soirée à parler de lui, elle a compris combien il était important à tes yeux. Elle a cherché une carte des Etats-Unis sur son pc, et elle a regardé où se situaient les cinq universités que t'avais sélectionnées par rapport à celle dans laquelle il se trouverait. Ca ne l'a même pas surprise quand tu lui as dit que tu savais déjà que ton premier choix était le mieux situé, car il se trouvait dans l'état voisin du sien.
Vous avez passé un bon moment à vous imaginer ta vie de couple avec lui dans deux états voisins.
Mais t'as coupé court à votre délire. Ca faisait déjà deux mois que t'essayais de ne pas penser à ce départ, quand t'as su qu'il te faudrait attendre trois mois pour avoir ta réponse. Tu ne voulais pas passer trois mois à espérer, trois mois à imaginer quelquechose qui ne se produirait peut-être pas. Combien avais-tu de chances d'avoir ton premier choix?
Tu n'y croyais pas.
Tu n'y croyais tellement pas, que quand t'as appris que tu l'avais eu, tu l'as tout de suite pris comme un signe. Un coup de pouce du destin.
Et inconsciemment, t'as laissé la petite voix, si longtemps enfouie au fin fond de ton coeur, se frayer un passage vers ton oreille.


:: par leeloo à 18:55 ::
 
 

Souviens toi (3)(6)

"Au fait j'aurais bien aimé récupérer l'une des photos que t'as faites de nous"
Souviens toi, tu dormais déjà à moitié au moment où tu l'as reçu, à moitié seulement, donc t'as décidé d'y répondre. Tu lui as dit qu'il n'y avait pas de problème. Tu pensais la lui apporter lundi en cours, quand t'as reçu la réponse suivante.
"Cool, je passerai la récupérer demain quand j'aurai un peu de temps".
T'étais un peu surprise, un peu excitée, un peu fatiguée, tu te disais qu'il devait avoir bu, ne plus savoir de quoi il parlait, t'as préféré ne pas y penser, ne pas t'exciter, réussir à dormir, alors t'as juste répondu "quand tu veux", l'avenir te le dirait.

Souviens toi, le lendemain, tu t'es efforcée de ne penser à rien d'autre qu'à ton travail, même quand elle est revenue, tu lui as à peine parlé de ta soirée. Il n'a donné aucune nouvelle de toute la journée, oui il avait sans doute bu au moment de t'écrire.
Et vers dix-huit heures, t'as reçu un coup de fil.
Il en avait marre de travailler, et il voulait faire un tour par chez toi. Ni plus ni moins, t'as raconté ta soirée à elle, les textos que t'as reçus après, la visite que t'allais recevoir, et t'es montée te refaire une beauté. Vraiment? T'aurais fait ça pour n'importe qui?

Qu'est-ce qu'il était beau quand t'as ouvert la porte...
Qu'est-ce qu'il était mignon... calme... souriant...
Souviens toi, il t'a dit que tu sentais bon.
Souviens toi, il t'a dit "tiens t'es pas seule?".
Il a dit bonjour à ta coloc et tu l'as invité à monter dans ta chambre. Elle vous a laissés seuls. Tu savais qu'elle avait une soirée, tu voulais qu'il reste dîner... Pourquoi encore une fois t'as essayé de jouer avec le feu? Il t'a dit qu'il ne pouvait pas parce que sa mère venait les voir. Tu lui as dit que c'était la seule raison pour laquelle tu le laisserais partir.
Souviens toi, t'avais tellement peur qu'il reparte tout de suite, qu'il ne reste que cinq minutes, qu'il prenne la photo et s'en aille, tu voulais le garder dans ta chambre, avec toi, longtemps, très longtemps...
Tu lui as dit de s'asseoir sur le matelas. Oui tu voulais qu'il reste. Ne reste pas debout, ne sois pas disposé à partir, assieds toi. Il s'est allongé, la tête sur ton coussin. Tu t'es allongée à côté de lui. A côté mais pas trop. Et si tu t'étais mise plus près?

Vous avez discuté, de tout, de rien, d'habitude ça te gène de parler de tout et de rien, mais pas cette fois, parce que cette fois, il s'est allongé, il s'est mis à l'aise, POUR parler de tout et de rien. C'est qu'il voulait rester.
Vous êtes restés comme ça une vingtaine de minutes, en te parlant et en t'écoutant il jouait avec chacun de tes coussins. Puis il a dit qu'il devait partir. Tu savais qu'elle avait fait un gateau dans l'après-midi et qu'il devait être prêt. Tu l'as invité à en prendre une part avant de partir. Vous étiez donc tous les trois à la table du séjour. Le gateau était délicieux. Les stores étaient levés. Il faisait très beau ce jour là. La maison s'imprégnait du beau temps.
Il a été adorable. Il a pris de ses nouvelles à elle. Il la connaissait à peine, il a demandé de ses nouvelles. Quand tu lui as proposé une seconde part de gateau, il n'a pas hésité, toi aussi t'as apprécié qu'il arrête de faire des manières chez toi.

C'est toi qui lui as dit de partir. Tu lui as dit que c'était juste parce que sa mère était là, que si ça ne tenait qu'à toi tu l'aurais invité à dîner.
Ma fille, si ça n'avait tenu qu'à toi, tu l'aurais invité dans ta vie.

Quand tu l'as raccompagné à la porte, vos regards en disaient terriblement long.
Dans les jours qui ont suivi, allongée au milieu des coussins imprégnés de son parfum, tu as réalisé avec douleur que c'était la dernière fois que vous aviez été si proches.


:: par leeloo à 09:21 ::
 
 

Souviens toi (3)(5)

Chacune de ses attentions avait une saveur spéciale. Je me souviens tout particulièrement de la fois où vous étiez à côté en TP, t'étais en train de taper au clavier, son binôme également, il avait donc les mains libres, et sans prévenir il en a passé une dans tes cheveux, il les a malaxés pendant quelques secondes, et il t'a dit "t'as de ces cheveux quand même". Tu lui as souri, t'étais occupée à coder. Et il a posé sa main sur ton épaule la plus proche de lui, il l'a légèrement massée, et il a retiré sa main.
T'étais occupée à coder.
Est-ce que, très franchement, à ce moment précis, t'as réussi à savoir ce que t'étais en train de coder?!
Si tu n'avais pas été en train de bosser, t'aurais posé ta main sur la sienne pour lui dire de rester, de ne pas partir, de ne plus jamais quitter ton épaule. Mais t'étais occupée à coder. Je suis sûre que finalement tu n'as rien pu coder parce qu'il t'avait perturbée. Pendant quelques secondes t'as eu l'impression de lui appartenir, d'être la sienne. Et le pire dans tout ça, c'est que tu n'as rien laissé paraître, comment voulais-tu qu'il devine?

Souviens toi, il voulait que tu lui fasses des jumeaux.

Souviens toi, il te disait de ne pas le tenter quand tu partais dans vos délires.

Souviens toi, il t'a envoyé un texto en pleine nuit pour que tu le lises à ton réveil.

Souviens toi de ce dimanche soir où il y avait une petite soirée chez vous et qu'il faisait partie des invités. Souviens toi comme il était mignon à essayer d'éplucher sa pomme de terre. C'est dommage que tu sois encore lucide après avoir bu, j'ai senti que sinon tu l'aurais violé sur place. Souviens toi quand tu ne voulais pas qu'ils partent, tu as mis leurs manteaux et tu les as portés pendant une partie de la soirée. Ca les avait fait rire. Souviens toi aussi, quand tu les as raccompagnés à la porte, son ami t'a portée sur un bout de chemin pour t'emmener avec eux. T'espérais qu'il serait jaloux.
Mais souviens toi surtout que c'est grâce à cette soirée que tout s'est mis en place. Souviens toi qu'à un moment, t'étais seule avec lui dans un coin du séjour, et t'as voulu le prendre en photo. Souviens toi qu'il n'a pas voulu, et qu'elle est venue à ta rescousse. Si elle avait su à ce moment là...
Elle a pris ton appareil photo et elle a dit qu'elle voulait prendre une photo. Sa réaction t'a surprise, d'autant plus qu'elle était la seule de tes colocs à être au courant de tes vues sur lui. Mais tu n'as pas eu le temps de lui en vouloir qu'elle a dit "rapprochez vous". Il a passé son bras autour de toi, et elle vous a pris en photo. Si elle avait su à ce moment là...

Souviens toi, c'était le vendredi suivant. Tu as su que la pellicule avait été développée, alors dès la fin des cours t'as été en centre-ville récupérer les négatifs, et tu t'es précipitée au labo photo pour tirer les photos. Tu n'aurais pas été aussi pressée s'il n'y avait pas eu cette photo. Tu as fait plusieurs tirages, puis plusieurs gros plans sur lui. Le soir, tous tes colocs étaient partis et tu avais la maison pour toi. Souviens toi comme c'était frustrant de passer le vendredi soir seule. Tu lui as envoyé un texto pour lui proposer de passer, ce qu'il a fait avec son frère et son ami. Tu leur as montré les photos, et son ami a étalé sur la table toutes celles que tu avais faites de vous et de lui, de manière très significative. Souviens toi, il s'était contenté de sourire. Quand tu les as raccompagnés à la porte, son ami t'a poussée contre lui. Oui... tout le monde l'avait remarqué. Souviens toi qu'il a regardé les derniers numéros que t'as appelés, et qu'il a joué à votre petit jeu parce que ce n'était que des numéros de mecs qu'il ne connaissait pas. Souviens toi comme tu jubilais en détectant la part de vérité qu'il y avait dans sa voix, souviens toi comme t'étais contente à ce moment là de n'avoir que des binômes masculins. Souviens toi, t'étais habillée de manière simple et féminine, et son frère t'a proposé de t'épouser si tu t'habillais comme ça tous les jours. T'espérais que ça le rendrait jaloux.
Peut-être qu'effectivement il l'a été.
Puisque dès qu'il est rentré, il t'a écrit.


:: par leeloo à 07:55 ::
 
 

Souviens toi (3)(4)

Vous vous êtes revus, et si ma mémoire est bonne, c'est toi qui a relancé vos délires. En face à face cette fois. Je me souviens qu'avant ça, t'avais raconté vos délires à deux-trois amies, t'avais prétendu avoir peur de sa réaction à la rentrée, peur qu'il te saute dessus... j'ai bien faillit te croire.

Vous avez donc continué à jouer. Souviens toi, tu l'accusais d'infidélité à chaque fois qu'il parlait à une fille, et il essayait de te reconquérir derrière.

Souviens toi de la fois où ton binôme t'a lachée pour un tp de trois heures, qu'au bout de deux heures et demie t'avais le cerveau ramolli et les yeux flous, tu n'avais qu'une envie, le voir, pas pour te plaindre, pas pour parler, juste pour le voir. Souviens toi, tu lui as envoyé un texto pour lui demander s'il finissait bien à la même heure, et que tu lui proposais de faire un bout de chemin ensemble à moins qu'il fût déjà en charmante compagnie. Souviens toi qu'il t'avait répondu qu'il n'y avait plus charmante compagnie.
Souviens toi, ce n'était pas un bout de chemin que vous avez fait ensemble. Il t'a accompagnée mettre ta pellicule à développer, on t'a dit que ça mettrait une heure de plus que prévu, alors t'as décidé d'aller faire un tour et il t'a proposé de te réfugier chez lui. Il t'a accompagnée à la cordonnerie, il a rigolé quand t'as tapé la discute à l'employé de service, et vous avez discuté tous les trois pendant une dizaine de minutes. Il t'a défiée de trouver le chemin le plus court pour aller chez lui, oh oui il connaissait ton sens aiguisé de l'orientation... T'étais accrochée à son bras, et tu l'as traîné à droite à gauche. Il te taquinait, tu le faisais rire, et quand vous êtes arrivés chez lui, il a passé son bras autour de toi, il t'a légèrement fait pivoter vers l'extérieur et il t'a dit "cette rue là était plus rapide". Bien-sûr, toi si je t'avais demandé à ce moment, t'aurais été incapable de me dire de quelle rue il s'agissait.
Souviens toi, vous avez passé plus d'une heure chez lui, tu le regardais faire ses installations et tu te moquais de lui, il t'était déjà arrivé la même merde. Tu te balladais dans sa chambre, t'es allée dans la cuisine te servir à boire, tu lui as dit que tu faisais comme chez toi et il t'a répondu qu'il appréciait. Mais souviens toi surtout que tu le savais. Que tu t'y attendais. Que vous vous étiez drôlement rapprochés. Que vous étiez devenus trop complices pour n'être que complices. Tu savais que tu jouais avec le feu. Tu savais qu'il n'y avait que toi chez lui. En se préparant à certaines choses, on les remarque mieux quand elles arrivent. Et tu les as remarquées. Les fois où tu étais à la fenêtre ou contre le mur, il a lâché son pc pour venir vers toi. Te montrer un arbre par la fenêtre. Respirer le parfum de l'après-midi. Poser son verre sur le radiateur. Te raconter l'histoire des proprios. A chaque fois que tu n'avais plus d'issue derrière, il était devant toi. Il était proche, de plus en plus, tu l'as senti, tu l'as vu, tu lisais dans son regard, tu le connaissais par coeur je te dis.
Et à chaque fois, tu t'es éloignée tant qu'il y avait encore suffisamment d'espace pour le faire. Tu n'as pas réfléchi. En fait tu ne voulais pas réfléchir. Tu t'es imaginée tellement de fois ce moment que t'as préféré le laisser filer. Plusieurs fois, cet après-midi là. Tu le savais. Tu ne voulais pas que ça se passe comme ça. Pourtant combien de fois tu l'as imaginé... Et si ce jour-là tu t'étais laissée faire?
En rentrant tu as croisé son frère. Il t'a demandé ce que tu faisais sur cette rue. Devine... tu ne connaissais qu'un endroit où aller à l'autre bout de la ville. Il le savait. Vous avez parlé deux minutes. Il souriait. D'un sourire inhabituel. Ce genre de sourire qui s'échappe sans qu'on le veuille. Complice. Heureux. Puis vous vous êtes séparés.
En lui tournant le dos, tu lui as dit très fort par la pensée "te fais pas de film, il ne s'est rien passé".


:: par leeloo à 00:13 ::
 
 
mercredi, avril 19, 2006

Entracte

Elle: c'est quoi ce pseudo? t'as bobo au coeur?
Moi: oui
Moi: je vais quitter mon copain
Moi: mais c'est pas lui qui me fait bobo au coeur
Moi: c'est celui pour qui je le quitte
Elle: ooh et qui est l'heureux élu?
Elle: je le connais?
Moi: tu le connais
Moi: je te laisse deviner pour voir si c'était si flagrant
Elle: de la fac ou de l'école?
Moi: aucun indice
Elle: hmm j'ai une idée...
Elle: ça commence par un [initiale]...?
Moi: continue...
Elle: c'est celui qui t'a dit que tu étais le ; du c++? (pardon aux non geeks)
Moi: oh putain!
Moi: j'avais complètement oublié ça...


Dites, vous êtes combien à l'avoir remarqué avant moi?


:: par leeloo à 18:59 ::
 
 

Souviens toi (3)(3)

L'histoire a pris un nouveau tournant après votre réconciliation. Je me souviens comme les deux mois où vous avez arrêté de vous parler ont été durs. Tu faisais n'importe quoi. Rien ni personne ne pouvait te consoler. Tu réagis comme ça à chaque fois que tu te disputes avec n'importe quel bon ami? Le temps n'a t-il jamais aucun pouvoir pour refermer les plaies? Ou était-ce juste avec lui?...

Souviens toi quand t'as su que les hâches de guerre étaient enterrées. C'était deux mois plus tard, tu l'as appelé pour lui souhaiter la bonne année. Heureusement que tu avais un peu bu avant, je ne suis pas sûre que t'aurais eu le courage de le faire. Vous avez encore passé quelques semaines sans vous donner de nouvelles. Souviens toi comme t'as hésité à briser la glace. Je ne sais même plus si tu avais bu avant, t'es allé lui parler, une phrase bête et profonde comme t'en as le secret, et il a suivi. Et comment.

Pendant des jours et des jours, il t'a entraînée dans un délire duquel, avoue le, tu n'as pas essayé de sortir. Tu étais son âme soeur parce que vous disiez la même chose au même moment. Vous alliez vous marier très prochainement. Vous auriez beaucoup d'enfants. Et quand tu parlais avec ses mots à lui, il te menaçait de tomber amoureux de toi.

Brave petit, si tu ne voulais pas raviver des sentiments refoulés depuis un an et demie, t'as eu tout faux.


:: par leeloo à 12:38 ::
 
 

Souviens toi (3)(2)

Lui.
Je te vois là, tu souris. Rien qu'en entendant son nom, ton être s'adoucit. Je me souviens comme ton coeur battait quand il était près de toi, quand il te regardait, quand il te touchait. Il était si réservé. Chaque petite attention trahissait sa douceur. Tout le monde ne l'aurait pas remarqué, mais toi tu le connaissais par coeur.
T'étais quand même têtue quand on y repense. Dès la première fois que tu l'as vu, au tableau dans cette salle du mercredi matin, ton corps a réagi. Pendant un an et demie t'as parlé de lui comme d'un ami merveilleux avec qui tu partageais des sentiments très particuliers. Parfois, ton entêtement me dépasse. Si je n'étais pas en toi, je croirais que tu l'avais fait exprès. Mais non, tu ne l'as réellement pas réalisé. Tu as bloqué tes sentiments après Aout 2003 et pendant deux ans et demie, tu n'as plus rien éprouvé qui ne soit préalablement passé par ton filtre à sentiments. Tu n'as même pas reconnu les symptômes de ton "amitié particulière". Dieu sait que ton passé te les avais appris.

Tu le trouvais spécial. Beau certes, mais il avait ce petit quelque chose qui te donnait envie d'arriver derrière lui et de l'enlacer contre toi, de sentir la chaleur de son corps le long de tes bras. Il avait ce regard... il te rendait forte, il te rendait belle. Tu aurais tout donné pour goûter à ses lèvres, pour garder sur les tiennes le parfum de sa peau. Tu voulais passer ta main dans chacun de ses creux, l'étudier, le connaître. Je me souviens, tu trouvais son rire sexy, tu le lui avais dit à elle, que crois-tu qu'elle en a pensé? Tu dis ça de tous les garçons que tu rencontres?
Il était vraiment temps que t'ouvres les yeux.
Heureusement qu'il t'y a aidée.


:: par leeloo à 09:50 ::
 
 
mardi, avril 18, 2006

Souviens toi (3)(1)

Leeloo de demain, je m'adresse à nouveau à toi, je sens que tu as besoin de moi pour te souvenir de ce mois d'Avril 2006. Tout ça c'est loin maintenant, t'as vieilli, t'as fait ta vie, peut-être as-tu oublié qu'il y a eu un 13 avril 2006, peut-être pas, tu n'as jamais oublié une seule date. Tu aimerais juste te souvenir comment tout ça a commencé, comment finalement t'as choisi de revivre. Ecoute moi, je vais te raconter.

Je ne sais pas vraiment quand ça a commencé, toi-même tu ne l'as jamais su. Je pense que ça a commencé la première fois que tu l'as vu, je sais tu n'as jamais voulu le reconnaître, mais moi je t'ai entendue, je l'ai ressenti en même temps que toi, il t'attirait, pas comme les amants s'attirent, mais tu voulais aller vers lui, et ça a persisté pendant des heures, pendant des jours, pendant des mois, pendant un an et demie. Tu n'as pas arrêté de parler de lui ici, tu crois que je ne t'ai pas lue pendant que t'écrivais? Tu crois que je n'ai pas ressenti ton coeur se serrer à chaque fois qu'il tardait à te répondre? Tu crois que je ne l'ai pas entendu se fendre les deux fois où vous avez arrêter de vous parler? Tu crois que je n'ai pas souri bêtement dans les transports avec toi, à chaque fois qu'au contraire il allait dans ton sens? Ma fille, ça a traîné dans un coin de ton coeur pendant un bon bout de temps, tous tes amis l'avaient remarqué, même ceux qui n'étaient pas censé l'avoir remarqué ont dit "ah oui, lui", même tes lecteurs ont du se poser des questions, qui croyais-tu réellement berner comme ça à part toi-même? Même toi tu le savais. Mais je suis fière de toi, tu as décidé d'arrêter de te le cacher, je ne pensais vraiment pas que tu le ferais un jour, je me souviens comme tu avais hésité à tourner à droite, comment finalement tu étais restée à gauche, par la suite tous les jours tu t'en vantais, tu disais à qui tu avais saoulé pendant trois mois que t'avais pris la bonne décision, que finalement tes sentiments s'étaient dissipé, que finalement ce n'était pas un garçon pour toi, oui t'en étais fière, oui je t'approuve, tu avais pris la bonne décision ce jour là, tellement bonne que j'ai eu peur que tu reprennes la même cette fois-ci. Seulement cette fois, ça n'a pas duré trois mois. Ca a duré un an et demie. Je suis contente que tu aies remarqué la nuance. Je suis fière de toi, tu as tourné à droite, ce n'était pas facile, d'une part de prendre cette décision alors que tu es restée à gauche pendant quatre ans et demie, d'autre part d'ouvrir ton coeur au moment où tu l'as eu en face de toi, je me souviens encore comme t'as attendu, comme t'as hésité, comme t'as bloqué, comme t'as tremblé, comme finalement t'as voulu en rester là, ne plus parler, passer un bon moment avec lui et rester à gauche toute ta vie. Tu t'en souviens? Oui tu t'en souviens, mais t'as sûrement oublié les détails, alors attends moi je fais une pause et je reviens.


:: par leeloo à 07:51 ::
 
 
lundi, avril 17, 2006

Sentiments refoulés

C'est fou ce qu'on peut découvrir au fond de son être quand enfin on laisse son coeur parler.
C'est fou tout ce qu'un coeur peut accumuler quand la raison l'ignore et que l'être entier le rejette.
C'est fou ce qu'il peut nous balancer à la figure quand enfin on est disposé à l'écouter.
C'est fou ce que le coeur est rancunier.

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Moi : je vais changer de copain
Elle : tu déconnes!
Moi : non faut arrêter de se voiler la face
Elle : ça fait 4 ans et demie
Moi : un an et demie que je me voile la face
Elle : ça te fait rien?
Moi : si, j'ai le coeur en lambeaux
Moi : d'avoir attendu un an et demie

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Elle : je croyais que c'était pas grave si ça marchait pas
Moi : bien-sûr que c'est pas grave
Moi : rien n'est jamais très grave dans la vie

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Lui : je t'envoie la photo si entre tps tu prefères un des frangins plutôt que ton futur
Lui : pas mal non?
Moi : j'aime bien celui de gauche
Moi: mais bon non
Moi: je veux que lui
Moi: personne d'autre
Moi: et il s'appelle comment?
Lui: lol
Lui: [prenom1]
Moi : cool! mais bon non
Moi: et le petit frère?
Lui: [prenom2]
Moi : ouais mais non je veux que lui
Lui: et ds 5 ans tu en voudras un autre...
Lui: ou tu te marieras avec lui
Moi: je me marierai avec lui
Lui: ah oui
Lui: énorme...
Lui: t'as une photo?

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Elle : si ça marche pas, je lui botte les fesses
Moi : non touche pas à ses fesses
Elle : autre chose alors
Moi : non touche pas à lui
Elle : ah oui
Elle : quand meme

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Lui : t'as une photo?
[envoi de photo]
Lui : c'est des jumeaux?!
Moi : yep
Lui : comment tu fais pour les reconnaître?
Moi : y en a un que j'ai envie de violer
Lui : ouah

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Elle : oulà, tu veux larguer ton copain?
Moi : oui stp


:: par leeloo à 14:56 ::
 
 
dimanche, avril 16, 2006

J'ai tourné à droite.

J'ai envie d'avoir un chien.

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I don't know what it is that makes me love you so
I only know I never want to let you go
'Cause you started something, can't you see
That ever since we met you've had a hold on me
It happens to be true
I only want to be with you

It doesn't matter where you go or what you do
I wanna spend each moment of the day with you
Look what has happened with just one kiss
I never knew that I could be in love like this
It's crazy but it's true
I only want to be with you
[...]

Now listen honey, I just wanna be beside you everywhere
As long as we're together honey I don't care
'Cause you started something, can't you see
That ever since we've met you've had a hold on me
No matter what you do
I only want to be with you
[...]

I only want to be with you - Vonda Shepard


:: par leeloo à 11:32 ::
 
 
mercredi, avril 12, 2006

Marre

... des petits jeux anodins aux conséquences lourdes.
... des espoirs qu'on nourrit et qui s'effondrent en silence.
... du coeur qui s'acharne, de la raison qui s'impose.
... des à priori, des devoirs, des non-dits.
... des matins solitaires à attendre que le jour se lève.
... des soirées perdues à attendre que la voix se taise.


:: par leeloo à 07:22 ::
 
 
samedi, avril 08, 2006

Entre les lignes


2004, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005!, 2005!, 2005!, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005, 2005, 2006, 2006


Me dis pas que ce mec ne te fait rien.


:: par leeloo à 11:28 ::
 
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